COMMUNIQUE DE PRESSE: Où allons-nous ? Allons-nous laisser notre peuple et notre pays sombrer dans le gouffre?

COMMUNIQUE DE PRESSE: Où allons-nous ? Allons-nous laisser notre peuple et notre pays sombrer dans le gouffre?
COMMUNIQUE DE PRESSE: Où allons-nous ? Allons-nous laisser notre peuple et notre pays sombrer dans le gouffre?

Madagascar est un pays républicain et démocrate et ce sont les élections qui transfèrent, pendant une période déterminée, le pouvoir du peuple aux dirigeants élus notamment le Président de la République qui va assurer le leadership des décisions et de la mise en œuvre des politiques de développement du pays. Or, les élections sont indissociables des idées et opinions des partis et des leaders politiques ayant leurs propres intérêts et les raisons qui les poussent à diriger le pays. La responsabilité d’améliorer les pratiques et les manifestations d’idées politiques ne doivent pas rester l’apanage de quelques politiciens seulement, tous les acteurs et les citoyens doivent y contribuer.       

La société civile malagasy, dans son rôle d’interpellation, de balise et de force de proposition ne peut se taire face à la gravité de la situation actuelle, face à ce contexte pré-électoral délétère.

  1. Les Organisations de la société civile signataires de ce communiqué sont convaincues que pour l’intêrêt supérieur et la souveraineté de notre nation et des Malagasy, la présidence de la République ne devrait pas être confiée à des personnes de nationalité étrangère. Si Monsieur Andry Nirina Rajoelina veut encore assurer cette lourde et noble responsabilité, il doit renoncer à sa nationalité française de manière expresse à travers une lettre adressée au Gouvernement français. Le fait que le Président ait demandé et accepté d’acquérir la nationalité française est une erreur politique et historique et va totalement à l’encontre de l’éthique d’un mandat présidentiel à Madagascar. C’est plus grave lorsqu’il s’agit de la nationalité de notre ancien colonisateur et qui, de surcroît, est encore en litige avec notre pays sur l’occupation illicite et par la force de nos Iles Eparses, que le Président sortant lui-même avait promis de faire restituer avant le mois de juin 2020.  
  2. La Constitution confie au Président du Sénat, c’est-à-dire un élu national, la responsabilité de devenir Chef d’Etat par interim lorsque le Président de la République démissionne ou est dans l’incapacité d’exercer ses fonctions. Cette disposition est d’une importance capitale. Le fait de l’outrepasser et de donner cette noble et grande responsabilité à un Gouvernement collégial, c’est-dire des personnes nommées et non des élus, est illégal et est une insulte vis-à-vis des Malagasy, sauf s’il n’y a plus aucune personne élue capable de tenir cette fonction intérimaire au niveau du Sénat. En effet, pour le Président du Sénat, exercer provisoirement cette fonction de Chef d’Etat par intérim ne constitue pas une option mais bien une obligation inhérente à sa fonction. Puisqu’il s’en est désisté, faisant ainsi lui-même aveu d’incapacité, il doit immédiatement démissionner de sa fonction de Président du Sénat.  
  3. En outre, si notre Constitution impose au Président en exercice qui se porte candidat de démissionner 60 jours avant le jour du scrutin, c’est pour lui ôter tout pouvoir de donner des ordres et instructions au Gouvernement qui assure le fonctionnement de l’Administration.  En utilisant son pouvoir, les biens et les infrastructures de l’Etat, un Gouvernement placé sous son contrôle implicite risque de biaiser les résultats des élections. Ainsi le Gouvernement collégial adoubé par la HCC ne pourra jamais garantir une élection présidentielle juste, crédible et acceptée par tous. Pour rappel, en 2018, le Gouvernement qui avait organisé les élections avec la CENI et qui avait travaillé avec le Président du Sénat dans son rôle de Chef d’Etat par intérim, était un Gouvernement de consensus composé de personnalités issues de différentes formations politiques. Par conséquent, si nous voulons que les élections se déroulent dans un climat apaisé, que les résultats ne soient pas contestés et que le Président qui en sortira vainqueur puisse gouverner dans la quiétude, il est impératif de respecter cet esprit et principe défendu par notre Constitution. 
  4. Il est impératif de cesser toute entrave aux libertés fondamentales d’expression, de manifestation et de réunion. Ceux qui le désirent doivent être libres de se réunir dans des lieux dédiés, clos ou en plein air, car les Malagasy ont besoin de tribunes de concertation et d’échanges pour faire une choix raisonné et éclairé basé sur les programmes proposés par les candidats respectifs. Il appartient aux organisateurs de ces meetings et aux forces de l’ordre de s’assurer qu’il n’y ait pas de bavures. La décision de mettre un Gouvernement collégial à la tête de l’Etat risque d’exacerber encore plus les restrictions et pressions exercées contre ceux qui portent une voix alternative ou sont d’une autre couleur politique que les édiles du régime actuel. Ceci attisera plus d’affrontements. Personne n’y a pourtant intérêt car une telle situation plongerait un peu plus notre pays dans le gouffre de pauvreté et de misère dans lequel il est déjà enlisé. Vous, détenteurs du pouvoir à tous les niveaux, incluant ceux qui ont pris cette décision inepte et l’ont mise en application, êtes tous responsables des effets dévastateurs qu’elle aura sur le pays et la population, et ne pourrez pas vous en départir.

De ce fait, nous, organisations de la société civile, lançons un appel à tous les acteurs de la nation pour que, chacun à notre niveau, nous prenons nos responsabilités pour sauvegarder les intérêts supérieurs de la nation et défendre sa souveraineté, et pour prévenir et éviter le danger qui nous guette, à savoir une crise électorale et son lot de violences.

  • Aux partis politiques et politiciens, de l’opposition ou du régime : c’est le moment propice en tant que leaders d’opinion de démontrer et préserver votre intégrité pour l’intérêt de notre Nation. Mobiliser et Eduquer en même temps les citoyens et la population Malagasy qui vous suivent sur ce concept pour le bien du pays.   
  • Aux responsables des entités religieuses, notamment les Ray amandreny dirigeants du FFKM : vos efforts continus et récents pour mener les dialogues et concertations aux niveaux régional et national sont plus que louables et apportent des lueurs d’espoir pour les Malagasy. Ces avancements pourraient être vains si les Malagasy vont encore revivre des crises ou confrontations issues des manœuvres politiciennes insensées pour l’intérêt de minorités, des injonctions aux dispositions constitutionnelles et surtout des entraves à la liberté d’expression et de rassemblement.
  • Aux forces de l’ordre (Armée, gendarmerie et police nationales), généraux, officiers, sous-officiers ou simples soldats : vous devriez interroger votre conscience si c’est toujours la protection de la patrie et de la souveraineté nationale qui dicte vos actions. Prenez vos responsabilités afin d’endiguer les crises et confrontations intestines pour la patrie, les peuples Malagasy y compris vos familles et vos générations.
  • A la population et aux citoyens Malagasy de toutes les régions de la grande Ile : Soyons courageux et prenons nos responsabilités face au danger imminent. Nous avons besoin des élections et d’un Président de la République digne de ce nom, élu d’une manière juste et transparente mais pas suite à des manœuvres inconstitutionnelles ou résultant de diverses pressions
  • Aux partenaires étrangers et communautés internationales : la nation et la population Malagasy a besoin de votre assistance mais aussi de votre intégrité en cette période cruciale. Votre assistance devrait être déclenchée seulement si les conditions convenues sont respectées par les décisions et les actions du gouvernement et des autorités, car la situation actuelle ne semble pas le traduire, ne serait-ce que l’entrave à la liberté d’expression et de réunion publique.
  • Aux institutions, structures et responsables directs de l’organisation des élections : Les Malagasy vous tiennent à l’œil et sont attentifs à vos interventions. Vous ne supporterez pas la rancœur de la majorité des Malagasy qui vont devoir vivre dans la misère suite à des crises engendrées par vos prises de responsabilités ou de décisions injustes ou corrompues. Soyez vigilants, préservez votre intégrité.

La société civile est prête à prendre ses responsabilités, dialoguer ou collaborer avec tous les acteurs surtout les candidats officiels aux présidentiels afin d’identifier des solutions inclusives pour l’intérêt supérieur de la Nation.

Madagascar aux Malagasy, les Malagasy pour Madagascar ! Nous aspirons à des leaders dévoués et vertueux pour apporter des changements positifs durables pour notre pays.

Antananarivo, le 14 Septembre 2023

Les OSC signataires:

1.     Alliance Voahary Gasy (AVG)

2.     Association MMST

3.     Association CEDII

4.     CODE Menabe

5.     Collectif des Citoyens et des ORganisations Citoyennes (CCOC)

6.     Conseil National des Femmes de Madagascar (CNFM)

7.     CRO Vakinankaratra

8.     Dinika sy Rindran’ny Vehivavy (DRV)

9.     Fikambanan’ny Vehivavy Tantsaha Mpamokatra (FVTM)

10.  Fikambananan’ny Tanora Mandala ny Fahamarinana (FTMF) 

11.  FITEA

12.  FIVE Menabe

13.  Gny to Tsy mba Zaigny (GTZ)

14.  Ilontsera

15.  Liberty 32

16.  Mouvement pour l’Education pour tous (MonEPT) 

17.  MSIS-tatao 

18.  Observatoire de la Jeunesse (OJ)

19.  ONG AIM

20.  ONG Fiantso

21.  ONG HITSY

22.  ONG Ivorary

23.  ONG Lalana

24.  ONG Ravintsara

25.  ONG SAHA

26.  Plateforme des Fédérations des Personnes Handicapées (PFPH/Mad)

27.  Plateforme Nationale des Organisations de la Société Civile de Madagascar (PFNOSCM/Vohifiraisana)

28.  Réseau des Handicaps de Madagascar (RHM)

29.  Réseau des jeunes défenseurs des droits humains Anôsy

30.  SAF/FJKM

31.  SAFIDY (Sampana Anaraha-Maso ny Fifidianana, Ivon’ny Demokrasia IFarimbonana)

32.  Sehatra Iombonanan’ny Fananantany (SIF)

33.  Sinibe-kevitra tsirika sava savorivory

34.  Tambazotran’ny fokonolona miaro ny harena voajanahary (Tafo Mihaavo)

35.  TAMIMPIRAMPI

36.  Transparency International-Initiative Madagascar

37.  TVMA Anôsy

38.  Vehivavy VARA Betroka Anôsy

39.  VEMA

40.   Plateforme des Organisations de la Société Civile dans les 23 régions

41. Mouvement ROHY

42. Plateforme des Sociétés Civiles de la SAVA

43. CRO Vakinankaratra

44. ONG VEMA

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