Terres fertiles et abondantes, Pourquoi les Malagasy crèvent de faim ?

Terres fertiles et abondantes, Pourquoi les Malagasy crèvent de faim ?
Terres fertiles et abondantes, Pourquoi les Malagasy crèvent de faim ?

Comme dans presque toutes les régions de la grande île, l’insécurité alimentaire s’est considérablement étendue, alors que les terres sont vastes et aménageables. La sécurité alimentaire consiste à assurer à toute personne et à tout moment un accès physique et économique aux denrées alimentaires dont elle a besoin ; une alimentation de qualité et en quantité suffisante pour satisfaire les besoins fondamentaux.

Bien que Madagascar ait adhéré aux différentes conventions internationales et que des structures y afférentes ont été mises en place ; à ce jour, la situation qui prévaut en matière de droits humains laisse beaucoup à désirer et requiert énormément d’efforts. Amèrement, on constate qu’un énorme fossé se dresse entre la ratification des divers instruments internationaux et la mise en pratique de leurs contenus. Une illustration parfaite du statu quo des droits fondamentaux du peuple, basés sur l’utilisation des ressources telles que l’accès à la terre et le droit de se nourrir.

Madagascar, un pays avec des terres fertiles et aménageables, figurait au 114ème rang sur 117 pays selon l’indice de la faim dans le monde en 2019. Que ce soit en milieu rural ou en milieu urbain, la persistance de l’extrême pauvreté qui se manifeste à travers l’insécurité alimentaire se fait constater. Selon le Pacte International relatif aux Droits Économiques, Socio -Culturels ou PIDESC ; signé par Madagascar le 14 avril 1970, les peuples et communautés ont le droit à une alimentation saine, un environnement sain et surtout ont le droit à l’auto détermination. Par contre, ces dernières sont lésées et subissent les impacts de la mauvaise gouvernance combinée aux conséquences irréversibles du changement climatique.

La politique actuelle en matière d’alimentation ne fait qu’empirer les cas d’insécurité alimentaire dans les régions de l’île. En effet, les quatre piliers de la sécurité alimentaire ne sont même pas respectés à savoir : la disponibilité, l’accès, l’utilisation et la stabilité. L’autosuffisance alimentaire ne sera acquise que quand l’absence d’importation de riz et des matières grasses prend fin.  Outre cet aspect, plusieurs critères sont encore à prendre en compte pour faire valoir les droits des peuples.

Promouvoir la facilitation et l’accès et l’utilisation des terres

Outre le problème de gouvernance et politique publique en matière de sécurité alimentaire, une attention particulière doit être donnée aux peuples : l’accès à la terre et à son utilisation pour les activités agricoles. 83.2% des ménages à Madagascar, selon le RGPH-3 en 2021, pratiquent au moins une activité agricole et sont considérés comme des ménages agricoles ; l’octroi des terres à chaque ménage, dans ce principe d’auto-détermination du peuple, serait à ce sens le plus bénéfique pour les communautés locales. Favoriser l’agriculture paysanne revient à sécuriser le droit à l’alimentation des peuples. Quels seraient les avantages si les terrains disponibles, statuées domaine privé de l’État, pourraient appartenir à la communauté, ayant un statut de terrain communautaire ? l’État à ce moment là n’aurait plus qu’à fournir à sa communauté les techniques et moyens agricoles durables et résilientes pour une alimentation saine et sécurisée.

La complexité des procédures foncières et l’absence des infrastructures adaptées aux compétences et besoins locaux font aussi défaut. Il est tout aussi impératif de mettre en place des structures locales pour la sécurité foncière, qui facilitera l’accès à la terre de chaque personne, surtout les femmes, les filles et les jeunes. Ce qui systématiquement revient à résoudre le problème de genre pour une parité homme femme.

Non aux bénéfices des multinationales au détriment de tout un peuple esclavé

En effet, ce domaine présente une problématique largement étendue avec des paramètres contraignants et discriminatoires. A côté de l’agriculture paysanne, à une échelle très restreinte, l’agriculture d’entreprise tel l’agrobusiness commence à prendre de l’ampleur à travers la concrétisation des contrats de bail emphytéotique, entre l’État et les privées. Souvent, cette agriculture d’entreprise est accompagnée stratégiquement d’expulsions et d’accaparements de terres, et donc de violations des droits. En illustration, le cas d’une société privée voulant amadouer la communauté pour des raisons de projet de développement dans la commune d’Ambatolahy, Province de Fianarantsoa.  L’octroi des terres aux grands exploitants et aux firmes multinationales est aussi le principal facteur de l’insécurité alimentaire.  

La décentralisation promeut l’autodétermination des peuples

La décentralisation veut que le peuple soit le décideur de leur devenir ; autrement dit, la décision d’un développement n’émane que de la communauté. Dans un long terme, la souveraineté alimentaire consiste en la promotion du droit des populations, des communautés, et des pays à définir leurs propres politiques agricole, pastorale, alimentaire, territoriale, de travail et de pêche, lesquelles doivent être écologiquement, socialement, économiquement et culturellement adaptées à chaque contexte spécifique incluant un droit réel à l’alimentation et à la production alimentaire. Généralement parlant, nos défis sont plus grands que nous ne le pensons pas, car l’impérialisme alimentaire est notre ennemi principal dans cette optique étant tandis que le commerce solidaire et circulaire, ainsi que l’agroéconomie constituent les principaux alliés.

            Le combat contre l’insécurité alimentaire repose sur la politique de gouvernance des terres, surtout sur la motivation et la conviction des politiciens que la production de ses propres aliments revient à anticiper les facteurs externes non maitrisable par les petits paysans ; à savoir l’inflation.  La possession des biens (terres) donnera des opportunités de développement aux paysans. Mais comment être résilient aux changements climatiques et précéder la surproduction dans ce cas ?

Mouvement Jeunesse et Citoyenneté (MJC)

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